Salle de consultation

Ashley eut un sourire discret en entendant la répulsion dans la voix de son assistant. Toutefois, il était déçu de ne pas y entendre de peur. Les cadavres ne se plaignaient jamais et c'était pour cela qu'il les aimait mais parfois il avait envie d'entendre les suppliques des vivants. Quel malheur de devoir se refreiner. S'il se montrait sous son vrai jour, alors les mystiques de cette guilde comprenaient rapidement qu'il n'était pas du bon côté de la ligne.

"Je plaisantais," lança-t-il alors qu'il ne le pensait pas un seul instant.

Au même instant, quelqu'un frappa à la porte.

Encore ? Ashley n'eut même pas le temps d'inviter son peut-être futur patient à entrer, car la personne en question pénétra dans l'infirmerie sans attendre d'autorisation.

Son regard tomba froidement sur la jeune fille. Quelle joie cela aurait été de pouvoir la congeler sur place, là, d'un battement de cil. Il ne répondit donc pas aux salutations polies de cette élève. De toute manière, cette guimauve d'infirmier le faisait pour lui. Lorsqu'il lui tendit le dossier, Ashley le prit d'une main ferme et concentra tout son calme glacial au contenu des pages. Dans le même temps, il répondit à Nathanaël.

"Ne la transformez pas en salon de thé, surtout," prévint-il.

Sans se soucier de savoir si Nathanaël était sorti ou pas, sans inviter sa patiente à s'asseoir quelque part dans cette infirmerie austère digne de Frankenstein, il parcourut rapidement les notes rédigées d'une façon illisible par le médecin.

"Je vois."

Il referma d'un coup sec le dossier et reporta enfin son attention sur la jeune fille éthérée. A quel élément pouvait-elle appartenir ? Elle paraissait prête à s'envoler au moindre coup de vent, il aurait donc parié sur l'air. Elle partageait d'ailleurs avec Nathanaël des cheveux et des yeux d'une couleur curieuse. Cependant, les apparences pouvaient être trompeuses.

"Il est noté que vous avez été malade, il y a de cela trois ans, mais il n'est pas précisé de quelle maladie il s'agit*."

Il déposa le dossier sur le bureau au dessus d'une pile d'autres dossiers et alla s'installer dans son fauteuil. D'un geste rapide, il fit signe à la jeune fille de s'installer.

"Certaines maladies peuvent laisser des séquelles, il est donc important que je sache de laquelle il s'agissait."

Ashley n'avait pas encore fait part d'une de ses remarques sarcastiques mais cela viendrait sans doute. Tout dépendrait peut-être de l'attitude de son patient.

(* je parle du passage de ta fiche où Isabeau se sauve puis tombe malade ^^, c'est pas précisé de quelle maladie il s'agit. Et j'ai supposé que c'était il y a 3 ans comme elle a 12 ans quand on père meurt)

Isabeau suivit Nathanael du regard avant de les déporter sur le glacial infirmier. Ca lui allait très bien, à elle, le comportement de cet homme. Au moins, il faisait son travail consciencieusement et, dans ce cas, il était inutile de s'embarrasser de fausse politesse.
La jeune fille s'assit là où Ashley lui avait indiqué. Léthée se posa à côté d'elle, le Kaïly portant sur l'infirmier un regard argent indéfinissable.

L'adolescente cligna doucement des yeux, l'ambiance froide et sèche de l'infirmerie l'apaisait. Les murs, le mobiliers et les ustensiles lui rappelaient le cabinet de son père. Elle resta silencieuse un court instant avant de reporter son attention sur Ashley.
"J'ai été victime d'une pneumonie," répondit-elle sobrement. La formulation était très précise, polie, désuette et non-naturelle mais pas artificielle. Il y avait un monde infranchissable entre l'esprit d'Isabeau et sa vie. Entre l'objectif et le subjectif.
Ses longs cheveux l'habillaient en corolle et en voile d'argent, s'étalant autour d'elle et se nichant au creux de ses épaules et de ses coudes en vagues de soie sur sa tenue noire. Ils semblaient vouloir faire echo dans leur glaciale beauté métallique aux yeux gris de l'infirmier. Une mèche sur son front, comme la pointe d'un pinceau rond, glissée derrière l'oreille.

La Fascinante Morbide darda le faisceau de son regard violet sur Ashley. Regard impénétrable tout autant qu'étrange. Aux reflets du soleil, une onde de chaleur semblait danser discrètement à la surface de ses iris.
"Il se peut que je sois parfois malade et amenée à votre infirmerie," le prévint-elle. Ashley pouvait se rassurer sur le fait : Isabeau n'était pas comme les autres filles à défaillir pour pouvoir squatter l'antre du Beau Ténébreux de service. Elle admettait seulement sa faible constitution sans abus.

Une fois certain que Ashey ne s'occupait plus de lui, Nathanaël alla dans la pièce à côté.

Pour commencer il ouvrit toutes les fenêtres. Puis, il changea les draps. Et tout cela avec le sourire et bonne humeur. Enfin presque. Quiconque aurait remarqué son regard de sang en cet instant aurait vu qu'ils étaient "vides". En réalité, il faisait le ménage machinalement, sans vraiment réfléchir. Changer les draps, enlever les poussières, s'assurer que tout était bien aéré et bien propre, c'était son devoir ici. Il le faisait depuis tellement d'années que c'en était devenu naturel.

Après plusieurs longues minutes, Nath alla vérifier que les roses qu'il avait disposé ici et là la veille étaient toujours en pleine forme. Cela fait, il alla refermer les fenêtres.

Puis, ne sachant que faire d'autre, il sorti de la pièce, dit un discret "À tout à l'heure" au Doc Ash' et sorti de l'infirmerie.

Il était d'aller réveiller le beau au bois dormant

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"Hmm," se contenta de marmoner le médecin pour première réponse.

L'éléve l'intriguait car elle donnait l'impression d'être étrangère à ce monde. Si Ashley avait été d'une quelconque manière superstitieux, il aurait pu se dire "ça y est, voilà que je fais passer un examen médical à un putain de fantôme". Il n'avait plus vu le côté paternel de sa famille depuis longtemps mais il était à peu près certain qu'ils auraient été du genre à penser ça.

Un sourire railleur étira ses lèvres et il se releva.

"Si nous avions quoique ce soit se rapprochant d'un laboratoire, j'aurai pu vous faire passer un bilan sanguin complet, mais hélas les moyens sont limités. J'espère donc que votre pâleur n'est pas le signe anonciateur d'une crise d'anémie. C'est que je déteste recevoir du monde ici. Et puis, je ne sais pour quelle raison subtile, on me tient responsable quand un élève décéde malencontreusement."

Ashley sembla se désinteresser soudainement de sa patiente lorsqu'il reprit son livre sur les manipulations génétiques. Il en était au passage très interessant qui expliquait comment manipuler les virus pour les rendre plus virulents. Autant dire que l'idée d'égarer une dose modifiée d'ebola dans l'école lui avait traversé l'esprit, le problème c'est qu'il n'avait pas de laboratoire, comme il l'avait dit. Et de toute manière, il n'avait pas d'échantillons.

*Devrais-je me contenter d'une petite grippe ? Ah, si je pouvais me procurrer la grippe espagnole...*

Ragnarok ouvrit un oeil paresseux pour considérer son maître.

(p'tain, ch'suis en train de traduire ce fichu livre d'Histoire japonaise, c'est relou)

(Désolée pour le retard :))

Isabeau écouta l'infirmier pour répondre ensuite à ses 'préoccupations' "non, c'est mon teint naturel," opposa donc t-elle face à la crainte d'une anémie du médecin. Mais la jeune fille arqua tout de même un sourcil au sujet du reste de la phrase. Certains auraient trouvé ça drôle, tellement de cynisme dans cette parole mais Isabeau non. A vrai dire, de tous les médecins ou professionnels de médecine qu'elle avait pu rencontrer jusqu'ici, Shimizu était le seul à tenir à sa tranquilité dans l'infirmerie tout en avouant, peut-être, tout haut qu'on était en droit de le soupçonner si un meurtre occurait parmi les élèves.

'Etrange et intéressant' seraient sans nul doute plus approprié concernant l'avis d'Isabeau.
Et en plus il parle de virus. Elle jeta un coup d'oeil rapide à la couverture du livre.
A partir d'ici elle avait deux suppositions, voire trois.
1 - Shimizu était un provocateur.
2 - Il était simplement négligeant.
3 - Il est un peu des deux car il est prétentieux et même narcissique.

Finalement, un haussement subtil des épaules signifia qu'elle y resongera plus tard quand elle l'aura observé plus souvent. Ici tout était anodin.

"Je vais partir alors," dit Isabeau enfin, elle descendit de la table et se dirigea vers la porte, posa la main sur la poignée, fit signe à Léthée et laissa couler deux à trois secondes au cas où l'effet dramatique exigerait une dernière parole de la part de Shimizu, puis elle sortit. "Bonne journée."

[Réfectoire]

(ash' est vraiment un provocateur XD)

Teint naturel. Ashley ne savait pas pourquoi mais il pensa aussitôt aux femmes de la noblesse d'autrefois qui s'appliquaient avec tant de soin de la poudre blanche sur le visage car le teint pâle était l'apanage de celles qui ne travaillaient pas aux champs... Mais aujourd'hui la mode était au bronzage et Isabeau n'avait pas l'air d'une pimbèche capable de s'adonner à ce genre de caprices physiques. Non... A moins qu'elle ne fut tournée vers la mode gothique. Un teint de vampire, voilà ce qui fallait à ce genre de filles. Mais l'éternité n'était qu'un voeu sans lendemain.

"Bonne journée," murmura Ashley qui était trop absorbé dans ses propres pensées pour noter son propre excès de politesse.

Il s'approcha de Ragnarok et lui gratouilla la tête. Le Kaïly, peu habitué à ce genre de câlins qui devaient se produire deux ou trois fois par an, cligna des yeux et fixa son maître tout en se demandant ce qu'il pouvait encore avoir de tordu derrière la tête.

Ashley cessa bien vite son élan d'affection et embrassa l'infirmerie du regard.

"Hum, où est passé cet infirmier déjà...? Ah oui, la salle de repos."

Il grimaça en prononçant le nom de cette dernière pièce. Nathanaël avait tout aménagé lui-même et c'était d'un sentimentalisme affligeant. En fait, ça lui rappelait la maison de sa grand-mère maternelle.

Il jeta un coup d'oeil rapide dans la salle de repos mais se rendit compte que Nathanaël n'y était pas. Il était siiii absorbé par son entretient avec cette élève qu'il ne l'avait même pas vu sortir. Tout en prenant Ragnarok au passage pour le déposer sur son épaule (faudrait pas qu'il l'égare quand même), il sortit de l'infirmerie et ferma la porte à clef derrière lui. Avant d'ajouter au clou enfoncé dans le bois un petit panneau indiquant qu'il était absent pour le moment.

[biblio]